Je viens juste de l’achever et les mots me trottent encore dans la tête. C’est un roman dans lequel je suis entrée doucement et qui m’a ensuite emportée. Goncourt du premier roman 2017, écrit par une jeune femme, Myriam Madjidi, autobiographique, ce roman Marx et la poupée traite avant tout de la migration, du déracinement et surtout de la langue. Je suis heureuse de vous présenter aujourd’hui Marx et la poupée, une lecture dont on ne sort pas indifférent.
Ce roman est une autobiographie. Maryam aujourd’hui prof de lettres et romancière vit en France. Née en Iran, elle a du fuir son pays, ses racines, sa langue et une partie de sa famille au moment de la Révolution. Ce roman, c’est un peu l’histoire de tous les migrants, ceux qui sont sur le fil, sur la frontière plus exactement, de deux mondes, de deux langues, de deux cultures… dont ils se revendiquent mais desquels ils finissent souvent par se sentir aussi étrangers. Ce roman, c’est l’expression parfaite de cet amour/haine, de ces mélanges de sentiments, d’attraction/répulsion, de vouloir faire partie sans gommer ce qu’il est… que tout migrant vit.
Parlons d’abord de l’écriture, de la plume de l’auteur. Le roman s’organise autour d’une succession de chapitre qui sont comme des flashbacks, des souvenirs, des impressions. Ce n’est pas, à proprement parler, un récit linéaire. Evidemment, cela suit une chronologie. Mais c’est une succession de moments, comme autant de petits papiers, de petits confettis, qui composent la vie de l’auteur. C’est précisément cette construction qui m’a un peu déroutée en début de roman et qui s’est révélée géniale avec la lecture. J’avais l’impression de partager des confidences de l’auteur, de vivre avec elle ces moments de vie. Départ du pays, abandon de ses jouets, premier jour d’école, relations d’amitié, retour au pays, rencontre amoureuse… tous ces récits se combinent, s’emmêlent, se font écho… avec toujours en fond ce fil conducteur : les origines iraniennes, la nouvelle vie de Française et le désir de résoudre cette équation. Quand Maryam rentre à l’école, en France, sans connaître un mot de français, quand finalement elle parle mieux français que ses parents, le jour où elle a eu honte de sa mère, le désir de retourner vivre en Iran, la prise de conscience qu’elle est devenue là bas “bien trop Française”, son amour pour les lettres, sa thèse de doctorat sur un auteur persan… j’ai été embarquée dans ce récit que j’ai adoré. Les mots sont forts, parfois durs, parfois crus. Je vous conseille vraiment ce roman.
J’ai écouté ce roman via Audible. Il est lu par son auteur mais j’ai trouvé le débit de parole un peu monocorde. Parfois un peu dur aussi. Non pas que j’aurais préféré quelque chose de plus léger mais c’est aussi pour cela que j’ai tardé à être emportée par le roman… Tardé, je précise, parce qu’une fois prise, je n’ai plus su m’arrêter.
Un très beau premier roman que je conseille. Passez une très belle journée !
Merci Caroline pour cette chronique (même si, personnellement, le sujet ne m’intéresse pas particulièrement!)